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29 septembre 2014 1 29 /09 /septembre /2014 18:55

L'entrée en service du métro est estimée pour 2018.

Plusieurs lignes sont déjà approuvées mais une seule , la ligne rouge, est en construction pour le moment et ce depuis setembre 2011.

Le projet comprendra 33 stations .Ce réseau de transport est destiné à Tel Aviv et sa métropole le Gush Dan, ( bloc de Dan).

 

 

 

 

280px-Tel Aviv Subway Map

 

Les villes qui se composent du Gush Dan sont Tel Aviv Jaffa, Bat Yam, Holon, Ramat Gan, Givatayim, Bnei Brak, Or Yehuda, Kiryat Ono, Petah Tikva, Yehud, Ramla, Lod, Rishon Lezion, Ness Ziona, Rerovot.

On peut y ajouter aussi Herzliya, Hod Hasharon, Kfar Saba, Raanana, Ramat Hasharon.

 

300px-Gush_Dan-copie-1.png

 

 

 

 

 

 

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16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 17:08

Maintenant que vous commencez à me connaître, je vais continuer sur ma lancée. Cette histoire se déroule avant mes cinq ans, à un moment si loin du présent que, d’ordinaire, la mémoire ne garde pas de souvenirs précis sauf en flashs incertains. Pourtant, dans ce cas-ci, les images et le déroulement des faits m’apparaissent avec une extrême netteté et une exactitude tellement réelle que j’ai le sentiment de vivre encore la scène.


Ce jour-là, mes parents sont très occupés à faire prospérer leur commerce de vêtements pour hommes. Courageusement, ils travaillent sans compter les heures. Ils ont peu de temps à me consacrer.

Un après-midi, je demande à ma mère de pouvoir rester auprès d’elle au lieu d’aller au jardin d’enfants où pourtant je m’amuse bien. J’ai envie de partager un moment avec elle et surtout de jouer à la marchande, dans un vrai magasin, avec des vrais clients et en rendant de la vraie monnaie. Mal m’en a pris. 

Sans manifester aucune opposition, ma mère accepte que je reste avec elle. Je l’ai bien regretté. Elle me prend par la main, et m'entraîne par une porte dérobée qui mène à la cave. Je connais bien l'escalier qui y descend pour m'être déjà aventurée dans tous les coins de la maison. Mais, cet endroit sombre ne me plaît pas du tout. Arrivées en bas, ma mère ouvre une porte qu'elle referme aussitôt après m'avoir poussée dans la pièce. Saisie d'effroi, je me retrouve une fois encore, seule dans le noir. Accroupie, adossée au mur, je me demande quelle aventure m'attend. Par l'unique vitrail brisé, mais bien trop haut pour ma petite taille, j'essaie d'envisager une sortie... 

Après quelques courts instants, le galop d'un cheval se fait entendre. Intriguée, je me relève sur mes jambes et perçois que le bruit se rapproche. Est-ce le prince et son fidèle compagnon Ouga ? Comment sait-il déjà où je suis alors que je ne l'ai pas encore appelé à l'aide ? Comment a-t-il fait pour quitter ma chambre au grenier où il séjourne chaque soir et arriver si vite dans les bas-fonds éloignés de la maison ? Faut-il qu'il soit courageux et téméraire pour braver ma mère et son autorité ! 

Comme si rien ne peut l'arrêter, le cheval emmène son cavalier à travers la vitre ébréchée et atterrit à mes pieds. Encore palpitant de son effort, ses naseaux soufflent une buée chaude qui me caresse la joue. Le prince est là, devant moi, souriant et rassurant. De sa main gauche, il tient la bride et de la droite, m'invite à monter en croupe. Sans un mot, j'accepte l'invitation et d'un saut me voilà assise les bras entourant la taille de mon sauveur. Avec la rapidité d'un éclair, nous repartons de cet endroit froid et lugubre pour un monde fantastique et haut en couleurs. Rien ne semble nous arrêter, ni les murs épais, ni les portes fermées.

Nous survolons maintenant des paysages féeriques aux couleurs de l'arc-en-ciel. Le soleil nous sourit et ses rayons lancent des éclats lumineux comme pour nous éclairer la route. Les oiseaux, petits et grands, aux plumes multicolores nous entourent en chantant des airs joyeux. J'en oublie que j'ai quitté ma cave. Ouga, tel un planeur élégant et souple, plonge dans la direction que lui indique son cavalier. Le prince me fait signe que nous allons bientôt nous poser à l'entrée du château. Jamais je n'ai vu pareille bâtisse avec ses hautes murailles qui l'entourent pour la protéger, son donjon qui surplombe la vallée, ses drapeaux bleus et blancs accrochés à l'entrée du pont-levis qui claquent au vent.

Je n'en crois pas mes yeux. Emerveillée par ce splendide spectacle, j'arrive même à oublier la vilaine après-midi concoctée par ma diabolique mère. L'atterrissage en douceur me permet d'observer les alentours. Je suis surprise par la grandeur majestueuse  de l'édifice
, fascinée par le petit lac des cygnes, éblouie par la diversité des pare-terres fleuris, envoûtée par les parfums. Je suis de la ville et la campagne je n'y connais rien, dommage, car le tableau que je découvre est sublime.


Nous voilà sur le plancher des vaches. Ouga ne semble pas réellement fatigué et, d'un trot vif, se dirige vers sa prairie où il peut à sa guise se rafraîchir et se reposer librement. Le prince m'explique que Ouga lui a été offert pour ses 13 ans à l'occasion de son entrée dans le monde adulte.
 
Il me prend par la main et ensemble nous entrons au château. Jamais, je n'ai vu de plafonds aussi hauts, autant de luminaires, de longs couloirs et sur les côtés différentes salles qui portent chacunes un nom différent que je ne comprends pas. 

Le prince m'emmène dans la salle appelée Taam dans laquelle une énorme table pleine de gâteaux tous différents dans leur taille, leur couleur, leur goût est dressée. A croire que l'on nous attend. Des fruits que je n'ai jamais vus sont présentés dans des énormes coupes en argent. Des biscuits en forme de gouttes de pluie, de nuages, d'étoiles, garnis de sucre multicolores sont étalés par-ci, par-là. Wouah, je suis heureuse d'être là. Le prince m'invite à me servir. Je croque dans un biscuit tellement grand que ma petite main à du mal à le tenir.

J'en veux encore et encore et surprise car, à chaque dégustation, le goût change comme si le biscuit peut deviner les arômes que j'imagine. Le prince rit de me voir si joyeuse et étourdie par la multitude des mets. Emportée par ses encouragements, je suis attirée par un gros gâteau rouge, tout rond comme une balle, rehaussé d'un ruban jaune et d'une couronne de chantilly. Alors que je m'apprête à la couper, il s'aplatit et glisse sur le bord de mon assiette tout en se transformant en un visage familier. Je sens que l'on tire sur mon bras. Le gâteau semble me parler et ses yeux me fixent, comme pour me dire : "Sophie, réveille-toi, il est tard, la punition est terminée..."

Et alors que le prince disparaît au loin, mon père me tend un sucre d'orge, tout rond et tout rouge, rehaussé d'un ruban jaune. 
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16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 11:29
Me revoilà à nouveau. Un soir  d'été, seule dans ma chambre. De la fenêtre légèrement entrouverte, l'air rafraîchi de la nuit fait bouger le rideau. Je n'attends plus le bisou de ma mère avant de m'endormir. J'en ai malheureusement pris l'habitude mais cela n'empêche que, tous les soir, mon petit coeur se serre dans ma poitrine et que des larmes couvrent mes yeux. Mais je ne pleure pas. Je suis avec Trésor et, comme toujours, je lui raconte les petites histoires qui ponctuent ma journée.
 
Ma chambre se situe juste sous le grenier, à une petite volée de marches. En revanche, si loin du foyer surchauffé de la cuisine. Si perdue dans cette grande et vieille maison, aux plafonds démesurément hauts. Et moi, je me sens si petite dans cette pièce, dans ce lit, dans la vie.
 
De mon perchoir, adossée à la fenêtre, j'observe la rue qui grouille de monde à toute heure. Les gens dont je ne vois que leur chapeau ou le sommet de leur crâne, me paraissent minuscules. Comme des fournis, ils s'affairent à courir derrière le tram qui fait Ding-Ding lorsqu'il repart de son arrêt installé devant ma maison. 
 
J'imagine alors le voyage que je pourrais entreprendre... Mais, à cinq ans, on ne part pas de sa maison sans l'accompagnement parental. Où pourrais-je aller ? Le chauffeur du tram pourrait-il me conduire quelque part ? Je sais que non... Alors, j'essaie de deviner le trajet des voyageurs.
 
Une maman tenant sa fille par la main, aide celle-ci à monter à l'arrière du tram. Là, est assis un contrôleur à qui il faut payer le trajet. Et oui, lorsque j'étais petite, il n'y avait pas de machine pour pointer les cartes. Toujours aimables, le contrôleur remet le ticket à la dame qui s'assoit avec sa fille sur une banquette en bois. 
 
Ding-Ding et le tram redémarre. Il roule dans la chaussée de Wavre, bordée de trottoirs animés et de magasins aux vitrines bien achalandées. Un arrêt plus loin, un monsieur monte à son tour. Après avoir payé son ticket, il retire son chapeau pour nous saluer puis vient s'asseoir en face de nous. 
 
Ding-Ding, j'aime ce tintement. Le tram s'ébranle et le voyage continue. Quelques arrêts plus loin, des jeunes gens sortis de l'école prennent place. Tous contents d'avoir terminé leurs cours, ils chahutent gentiment. J'observe ces scènes, admirative. Je ne suis plus seule et leurs éclats de rire m'amusent.
 
Ding-Ding, le tram poursuit son itinéraire. Puis, brusquement, entre deux arrêts, il s'immobilise. Mais, que se passe-t-il ? Deux voitures légèrement accidentées sur les rails nous barrent la route. La police avec ses gyrophares allumés arrive et, rapidement, fait libérer la voie.
 
Ding-Ding, le tram peut enfin reprendre son trajet. Soudain, la chaussée s'est vidée de ses passants et les maisons se sont espacées. Mais où suis-je ? Je ne reconnais plus rien de ce paysage urbain. Je descends du tram et me retrouve seule sur un trottoir désert. A ma grande surprise, une pancarte devant moi m'indique la direction d'un zoo. Aussi vite que me le permettent mes petites jambes, je m'empresse vers l'entrée. Mais un gardien me retient en me demandant mon ticket. Il me tire par le bras :
Mais... Mais... Que me voulez-vous ?
Allez, Sophie, debout, il faut que tu ailles à l'école, me dit la voix de mon père.
 
Demain, je me rendrai directement au zoo et prétexterai avoir besoin de cinq francs pour acheter des bonbons. Acceptera-t-il ? 
 
Ding-Ding. Voilà le tram qui passe dans la rue. J'ouvre les rideaux et de ma chambre, j'observe ce wagon beige avec sa flèche accordée au fil électrique reprendre sa route.   
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16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 11:27
Un petit garçon nommé Azimut rêve d’avoir un poney mauve, mais il ne sait ni comment ni où le trouver. Quand vient l’heure d’aller au lit, sa maman le borde et l’embrasse tendrement sur ses joues bien dodues en lui souhaitant bonne nuit. Doucement, Azimut ferme les yeux, s’endort et se laisse glisser au pays des rêves.

 

Soudain, il voit des étoiles de toutes les couleurs défiler devant ses yeux clos : rouges, bleues, vertes, jaunes et mauves... Alors qu’il continue d’observer le ciel, à travers les voilures de la fenêtre de sa chambre, il aperçoit la crinière flottante d’un jeune poney fougueux. Son visage s’illumine mais, avant qu’il ait pu appeler l’animal, celui-ci s’est volatilisé.

 

Azimut se lance à sa poursuite et se retrouve dans une forêt où il entend des chants d’oiseaux extraordinaires. Il n’en a jamais connu de pareils auparavant. Alors qu’il écoute la mélodie, parmi les notes, il croit percevoir le hennissement joyeux du jeune poney. Content d’être sur la bonne piste, il continue d’avancer plus au coeur des bois.

 

Le soleil se met à briller et Azimut découvre un étang où pataugent des canards, des oies, des poules d’eau. Tous le saluent. Comme il est heureux, Azimut. Puis, il lui vient l’idée de demander au chef des canards où il pourrait trouver son poney mauve.

- Bonjour, je m’appelle Azimut. Où puis-je trouver le poney mauve ?

D’une voix rauque, le canard répond :

- Va tout droit dans la direction du soleil et là, tu trouveras la maison de la sorcière. Cette dernière t’indiquera le chemin.

 

Tout content, Azimut se met en route. Il marche, marche, marche encore. Il a l’impression que le chemin n’en finit pas.

- Que c’est loin, pense le jeune garçon déjà fatigué.

Il entrevoit enfin une drôle de maison, avec un toit en forme de chapeau et des murs de toutes les couleurs : orange, bruns, blancs, violets, mauves. En s’approchant, et derrière la porte transparente, une très très vieille dame apparaît.

- Bonjour Madame la sorcière, le canard m’a dit que vous pouviez m’indiquer où est mon poney mauve.

- Mais, mon garçon, ne sois pas si pressé. Dis-moi d’abord ton nom, dit-elle d’une voix aiguë.

- Je m’appelle Azimut et je veux trouver mon poney mauve.

- Oh là, pas si vite. D’abord tu devras couper du bois, cueillir les fruits sur les arbres, traire la vache et chercher les oeufs dans le poulailler. Après cela, je te donnerai à manger et t’indiquerai le chemin.

 

Quand tout le travail est terminé, il fait déjà bien noir. Azimut, bien fatigué, s’endort d’un sommeil profond. Le lendemain, la sorcière le secoue en lui disant :

- Debout, continue tout droit dans la direction du soleil et le nain t’indiquera le chemin.

 

Heureux, Azimut se met en route. Il marche, marche, marche encore et aperçoit une petite maison qui brille de toutes ses lumières : turquoises, cerise, pistache, bordeaux, mauves. Le petit garçon frappe à la porte :

- Qui est-ce ? demande une voix nasillarde derrière le battant. En ouvrant, un nain très très petit apparaît.

- Que veux-tu mon garçon ? Et d’abord quel est ton nom ?

- Je m’appelle Azimut et je cherche le poney mauve. La sorcière m’a dit qu’il peut m’aider à le trouver.

- Ah, pas si vite mon garçon, pour savoir où se trouve le poney mauve, tu dois d’abord labourer mon champ car je suis trop petit pour le faire.

 

Azimut se met tout de suite au travail pour ne pas perdre de temps. Sa besogne terminée, il appelle le nain :

- Alors maintenant, dis-moi où je peux trouver le poney mauve s’il te plait.

- Continue toujours tout droit dans la direction du soleil. Le magicien qui habite une maison dans un arbre t'aidera.

 

Azimut repart rapidement, car il veut trouver le magicien avant le coucher du soleil. Il marche, marche et marche encore et s’arrête devant l’arbre où loge un vieil homme avec un chapeau très très pointu.

- Ouh Ouh, Monsieur le magicien, le nain m’a dit que je vous trouverai ici.

Comme par enchantement, le vieil homme qui devant lui se retrouve dans son dos et , de sa main, lui tapote l’épaule. Il lui dit d'une voix tremblotante :

- Que veux-tu mon garçon ? Et d’abord quel est ton nom ?

- Je m’appelle Azimut et je cherche mon poney mauve. Le nain m’a dit que vous pouvez m’aider à le trouver.

- Pas si vite mon garçon, lui dit le magicien d’une voix gentille. Il te faudra d'abord manger la soupe que je te donnerai, sinon tu ne pourras pas emporter le poney que tu choisiras. Elle t’apportera la force nécessaire.

 

Azimut avale la soupe avec rapidité. Le magicien l’invite alors à voir les poneys. Ils sont de toutes les couleurs : roux, noirs, beiges, chocolat, mauves. Sans hésitation, Azimut prend le poney mauve et retourne chez lui.

 

- Azimut, Azimut, lui souffle la voix douce de sa maman. Celui-ci encore fatigué a bien du mal à émerger de ses rêves.

- Bonjour, maman.

- Bonjour, Azimut. Papa et moi avons une surprise pour toi.

 

Les yeux du petit garçon s’écarquillent, son visage s’anime.

- Qu’est ce que c’est ? Qu’est ce que c’est ?

-Va voir dans le jardin.

Azimut ne prend pas le temps d’enfiler son peignoir et dévale les marches de l’escalier. Dans le jardin, à sa grande surprise, il voit son poney gambader.

 

Mais, de quelle couleur est-il ? Comme tu l’as deviné, il est mauve...

 

 

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16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 11:26

 

J’ai cinq ans. L’âge des mauvais rêves et des peurs du noir. L’âge où l’on se sent encore si fragile mais où les parents sont déjà si vieux qu’ils ne comprennent rien aux rêves d’une petite fille. Ce soir, je me sens vraiment ridicule dans mon pyjama rouge, beaucoup trop grand pour moi. J’ai l’impression que les manches me font des moufles. Je suis obligée de le tenir à la taille d’une main pour qu’il ne tombe pas. Il est vrai que ma mère a la fâcheuse habitude d’acheter mes vêtements trop grands pour qu’ils me servent plus d’une saison.  Comme je me plains de ressembler à un clown, ma mère me rétorque : « Qu’est ce que cela peut bien te faire, mis à part moi et papa, personne ne te voit. »

 

Il est 19h. C’est l’hiver et la nuit est déjà tombée.

 

A la télévision, mon dessin animé préféré vient de s’achever et, avant même la fin du générique que j’aime tellement, ma mère m’ordonne de monter dans ma chambre pour aller au lit  : « Sophie, c’est l’heure de dormir », me dit-elle d’un ton autoritaire.

Je réponds avec le désir d’infléchir sa décision : « Je n’en ai pas envie, je ne veux pas monter dans ma chambre.

-       C’est l’heure, y’a pas à discuter.

-       Oh, s’il te plait, viens avec moi, j’ai toujours peur, seule, là-haut dans le noir.

-       Tu y vas ou je me fâche. La météo annonce un froid glacial cette nuit. Allez monte, Papa a allumé le poêle à charbon dans ta chambre, il y fait bien chaud.

-         D’accord mais accompagne-moi.

-         Non et ça suffit, tu es fatigante !

-         Maman…

-         Tu montes sans plus discuter. Ne m’oblige pas à me fâcher ! »

 

Il n’y a rien à faire, à contre-cœur, je me résigne. Tête baissée, je sors du salon. Déjà, la solitude m’envahit. Devant l’escalier, j’ai l’impression de devoir franchir une montagne qui m’emmène dans un autre monde. Plus je gravis les marches, plus vite mon petit cœur se met à battre. J’en ai le tournis tellement tout résonne dans ma tête.

 

Mes parents et moi, nous habitons une grande et vieille maison, avec des fenêtres si hautes qu’un géant pourrait y passer sans se baisser. Et si quelqu’un venait à me kidnapper en passant du toit au grenier et du grenier dans ma chambre ? J’aurais beau appeler au secours, mes parents en bas n’entendraient rien…

 

Les marches de l’escalier grincent comme s’il y avait un gros démon hurlant sous chacune d’elles. Plus j’approche du palier de ma chambre, plus je ralentis mon pas. J’appréhende cette nuit noire, ce poêle dont les flammes jaune-orange me narguent avec leur danse, se moquent de ma peur et de ma solitude. Malgré mes efforts pour freiner le temps, j’arrive devant la porte. Encore quelques pas et je touche la clinche. Une clinche bien facile à ouvrir pour un endroit que je voudrais invincible. J’ai cinq ans, je suis si petite et cette clinche est bien trop haute pour moi. Mes mains sont moites et ne cessent de trembler. Doucement, j’abaisse la poignée qui permettra à la porte de s’ouvrir. J’entre. La chambre est plongée dans le noir. Les rideaux de velours sombre sont tirés ne laissant passer aucune lumière.

 

Devant moi, le poêle ronfle. Sa chaleur sèche me fait presque suffoquer. Le plafond reproduit le va-et-vient des flammes qui s’amusent de ma présence. Fascinée et apeurée à la fois, j’observe cette scène figée sur place. « Mais pourquoi, ni mon père ni ma mère ne viennent me border ? C’est de leur chaleur dont j’ai besoin. »

 

Rapidement, j’allume la lumière. Un petit lustre en cristal éclaire les murs de ma chambre en y projettant des éclats multicolores. Ravie par le spectacle, je trouve le courage de vite prendre mon nounours sur mon lit. Au fait, je ne t’ai pas dit le nom de mon nounours. C’est Trésor car il l’est pour moi. Le seul qui me tienne compagnie durant la nuit, celui à qui je peux raconter mes angoisses, mes peurs… Avec son poil beige clair, petit mais dodu, un large ruban rouge autour du cou, il est vraiment unique mon Trésor. Ses yeux noirs et brillants ne voient que moi.

 

Mon nounours dans les bras, j’éteins la lumière avant de sauter dans ce grand lit. Chaque soir, c’est le même rituel. Encore et toujours, les flammes illuminent la chambre. Sans plus tarder,Trésor serré contre mon cœur et moi, nous nous glissons sous les couvertures que j’attire jusqu’à mes lèvres. Quel calme ! Les flammes, tantôt grandes, tantôt petites, bougent pour me saluer. Elles dansent sur le mur comme une procession de sorcières. Je ne veux plus les voir et, Trésor et moi, nous nous retournons.

 

« Trésor as-tu passé une bonne journée ? Tu sais, j’ai beaucoup pensé à toi à la récréation et je suis contente de pouvoir te parler maintenant. Aujourd’hui, la maîtresse m’a grondée car j’ai renversé l’eau qui sert à nettoyer mes pinceaux. J’ai tâché mon tablier et les copines se sont moquées de moi. Tu sais, je ne l’ai pas fait exprès. Je n’ai rien dit à mes parents, car je ne veux pas qu’ils me punissent, j’étais tristounette tout l’après-midi. La maîtresse m’a demandé de tout essuyer avec un vieux torchon gris. C’était pas chouette. J’étais vraiment soulagée quand la cloche a sonné. Ouf, cet après-midi de peinture devenait longue. Et nous revoilà tous les deux ce soir. Toi, seul, parviens à me consoler. Tu sais, quand le poêle va s’éteindre, il n’y aura plus aucune flamme… Nous serons tous deux dans le noir absolu. Trésor, je n’aime pas être seule dans le noir. Comment ferais-je sans toi ? Dis-moi, n’as-tu jamais peur de rien ? Je t’admire et je te fais un gros bisou. T’as remarqué, Trésor, mes parents, eux, ne viennent jamais me faire un bisou. Est-ce normal ? Peut-être sont-ils fatigués de leur journée de travail ?

 

Retournons-nous maintenant. Regarde, les flammes sont déjà toutes petites et les sorcières ont disparu. Encore quelques secondes… Voilà, tout a l’air calme, plus aucune flamme.

 

Trésor, chuut, entends-tu ce bruit de métal qui s’entre-choque ? »

 

Je n’ose pas me pencher sous le lit pour observer d’où vient ce bruit mystérieux. Je retiens ma respiration, mais pas trop longtemps. « Trésor, écoute, on  dirait le galop de chevaux. Mais que se passe-t-il ? » Doucement, très doucement, je jette un regard par‑dessous.

 

« Oh, mais il y a plein de monde. Tiens regarde, on dirait le village qui se trouve derrière la colline du Printemps. Tous les habitants sont venus pour voir les cavaliers s’affronter, les cracheurs de feu faire leur numéro, la chiromancienne annoncer l’avenir. » Sous les couvertures, Trésor et moi avons chaud, mais je n’ose découvrir mon pied de peur d’être touchée par la pointe de l’épée d’un des chevaliers. J’entends le héraut annoncer l’ouverture des jeux. Dans la loge princière, le fils du roi, un beau jeune homme à l’allure noble, m’observe. Il me fait même un clin d’œil. Je me recouche sur mon oreiller, étonnée, et demande à Trésor :« Vois-tu les mêmes choses que moi ? »

 

Alors, tout doucement, je me penche à nouveau sous le lit et là, j’aperçois le prince sur son destrier. « Oh mais il va se battre ! Il fonce. »

 

Son cheval galope si vite que j’ai du mal à le suivre du regard. Il descend son épée à l’horizontal et, d’un coup, désarçonne son adversaire. Comme il est beau, le prince. Je veux devenir sa princesse. Peut-il voir que je l’observe ? J’espère qu’il n’a pas remarqué mon pyjama trop grand. Il s’en va saluer la foule en liesse. Oui, je me verrais bien à son bras dans une belle robe longue, cintrée à la taille par un beau ruban de soie rose. J’y mettrai des fleurs, des vraies, pour que jamais il ne m’oublie et que chaque fleur lui rappelle que je suis là pour lui. 

 

Les bruits deviennent moins fort. Je n’entends presque plus la foule. Mes paupières doucement se ferment. Je m’endors le sourire aux lèvres avec le plaisir de revoir ce mystérieux prince demain et de pouvoir lui adresser la parole.

 

« Pour l’occasion, je changerai de pyjama…

Bonne nuit Trésor. »

 

 

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9 décembre 2009 3 09 /12 /décembre /2009 15:38
A raconter à vos enfants, le soir pour les endormir ou, au contraire, les jours de pluie pour les tenir éveillés... Bientôt, les plus jeunes d'entre eux qui ne savent pas lire pourront les écouter directement sur le site... Un lien audio est en cours de création... 

Seule dans le noir

Azimut et le poney mauve

Ding-Ding

Dans la cave
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